APESANTEUR

Une fois de plus, je me retrouve dans une cage.

Les murs chargés de souffrance ne suffisent plus à emprisonner mon esprit

.Une sagesse teintée de résignation fait que je n’attends plus grand-chose de la vie.

J’ai transcendé la souffrance, le désir et la mort.

À présent, j’évolue en apesanteur.

L’humain que je suis me paraît lointain, presque étranger.

Et, non sans une certaine empathie, j’observe ses péripéties, son existence cocasse.

Il n’est qu’un vaisseau fragile dont mon âme est le capitaine pour quelques décennies,

Grâce à lui, j’expérimente la matérialité, je m’incarne dans cette réalité.

Mais sans jamais perdre de vue l’objectif final :

La véritable vie,

L’éternité.

L’union complète avec Dieu.

Qu’importe le décor : une forêt tropicale ou un immonde cachot.

Le véritable voyage est intérieur,

Au plus profond de mon âme.

Les jours se succèdent dans un léger et agréable vide philosophique.

Malgré mes cheveux grisonnants, je ne suis plus sous l’emprise du temps.

Celui qui sait dompter la mort,

Qui ne la voit plus comme une finalité mais comme une continuité,Voire une opportunité,

Apprend à vivre avec sérénité.

La dimension temporelle que nous impose cette enveloppe charnelle, grossière et limitée,

N’est qu’une perception erronée de la réalité.

L’existence est un flux éternel et constant.

Aujourd’hui, je suis celui qui écrit.

Et demain, je serai…

Demain…

Dieu seul sait.