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RIVIERE DE SANG

  • thomas5jmp
  • 19 déc. 2024
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 janv.




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 C’est une belle journée à San Rafael, ce petit village niché au creux des montagnes colombiennes. Ici, tout respire la simplicité et la sérénité : les maisons colorées, les collines verdoyantes, et cette rivière qui serpente doucement au cœur de la vallée. Je suis dans l’eau, immergé jusqu’à la taille, la fraîcheur cristalline et revigorante de la rivière m’enveloppe, effaçant toute fatigue. À quelques pas, mon amie est assise sur une pierre plate, les pieds dans l’eau, et nous discutons. Elle finit par me raconter des histoires sur la guérilla, des récits qui tranchent avec la paix presque irréelle de cet endroit.

Dans l’Antioquia, les guérillas marxistes, comme les FARC, ont semé la terreur pendant des décennies sous prétexte de défendre le peuple. En réalité, elles ont commis des crimes atroces : massacres, enlèvements, extorsions, et recrutement forcé d’enfants. Elles posaient des mines antipersonnel, s’attaquaient aux communautés rurales, et réduisaient les populations locales à un état constant de peur et de soumission. Loin des idéaux qu’elles prétendaient incarner, ces guérillas étaient des machines à piller, à tuer, et à détruire.

Près de vingt ans après leur déclin, le traumatisme reste profondément ancré dans les mémoires. Comme me l’a raconté mon ami Juan, dont la famille a été contrainte d’abandonner leur village pour fuir à Medellín, les blessures laissées par cette période de violence ne se referment pas facilement. Pourtant, à l’époque, à des milliers de kilomètres, en France, certains idéalistes voyaient ces guérilleros comme des héros révolutionnaires. Les mêmes qui arboraient fièrement des t-shirts à l’effigie de Che Guevara ou de Mao les admiraient comme les défenseurs des opprimés. Ce n’était pas simplement de l’ignorance, mais un aveuglement idéologique qui les empêchait de voir la réalité : un peuple brisé, des villages abandonnés, et une souffrance immense causée par ces soi-disant "libérateurs".

Et je réalise qu’il existe un esprit révolutionnaire, un fil rouge de destruction qui traverse les siècles depuis la Révolution française. Cet esprit, sous couvert d’émancipation, de justice ou d’égalité, semble toujours se retourner contre le peuple même qu’il prétend défendre. De la Terreur révolutionnaire en France, avec ses guillotines dressées sur les places publiques et ses massacres de la Vendée, à la révolution bolchevique en Russie, où des millions de citoyens ont été déportés, assassinés ou affamés lors des famines orchestrées par le régime, cet esprit s’est reproduit encore et encore. En Chine maoïste, où la Révolution culturelle a plongé le pays dans un chaos meurtrier, brisant des millions de vies au nom d'une "pureté idéologique", ou au Cambodge sous Pol Pot, où le Kampuchéa démocratique s’est illustré par des massacres de masse et des purges au point de réduire son propre peuple à l’esclavage et à la famine. Plus récemment encore, au Venezuela, un régime se disant "révolutionnaire" a précipité son peuple dans la misère, la violence et la division.

Loin d’émanciper, cet esprit révolutionnaire semble construire ses rêves d’égalité sur des monceaux de cadavres, laissant dans son sillage des nations divisées, des peuples meurtris, et une désillusion amère.

Toujours, ce même schéma : des idéaux élevés et utopiques, contraires à l’ordre naturel des choses, qui se transforment inévitablement en carnages internes. Le peuple, manipulé par des idéologies, finit par s’autodétruire, laissant derrière lui des ruines, des divisions, et une souffrance sans fin. Cet esprit révolutionnaire, loin de tenir ses promesses de libération, n’apporte que chaos, violence, et désolation, dressant les gens les uns contre les autres au sein d’un même pays, d’une même culture, et détruisant les liens qui les unissaient.

Tandis que nous discutons, mes pensées s’égarent, passant d’un sujet à l’autre sans véritable logique, mais avec cette sensation que tout est lié. L’esprit révolutionnaire, ce rejet de l’ordre traditionnel, semble avoir infusé jusqu’à des questions plus intimes, plus fondamentales. Et sans trop savoir comment, je me retrouve à parler d’un sujet qui, en France, n’est plus seulement accepté, mais presque sacralisé au point qu’il semble intouchable : l’avortement.

En Colombie, l’avortement est encore illégal, sauf dans des cas extrêmes, et je vois bien que son esprit ne parvient pas à concevoir l’idée qu’il puisse être aussi normalisé ailleurs. Son visage se fige, horrifié, et je comprends qu’elle a une réaction instinctive, celle qui devrait être naturelle face à une telle pratique. Comment le fait d’assassiner de petits êtres humains en devenir pourrait-il représenter un quelconque progrès, une victoire pour le féminisme ? Cela semble au contraire aller à l’encontre même de la nature féminine, profondément liée à la vie, à la création, et à la protection des plus vulnérables.

L’idée que ce geste puisse être présenté comme une forme d’émancipation me paraît maintenant d’une ironie tragique. En réalité, ce n’est pas une avancée, mais une aliénation, un déni de ce qui fait la force et la beauté de la féminité. Ce conditionnement occidental, qui a réussi à normaliser l’élimination des plus faibles, me semble être un cruel renversement de valeurs : un rejet de la compassion et du respect pour la vie.

Je réfléchis au mot lui-même : avortement. Comme l’a écrit Albert Camus, "Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde." Et c’est précisément ce que fait le mot "avortement" : il dissimule sous un euphémisme aseptisé la réalité crue d’un meurtre prémédité, empêchant de voir l’acte pour ce qu’il est réellement. Ce terme, aseptisé et neutre, rend l’acte presque banal. Il détourne les esprits de l’ampleur de ce qu’il signifie, camouflant la violence d’un tel choix derrière une façade de rationalité.

En voyant l’effroi dans ses yeux, je réalise qu’elle, au moins, n’a pas encore été dépossédée de ce bon sens, de cette sensibilité naturelle qui devrait être universelle. Cette confrontation me pousse à remettre en question encore plus profondément tout ce que l’Occident présente comme des "progrès".

Ces idéologies mortifères ne s'arrêtent pas là. Après avoir banalisé l'élimination des plus vulnérables avant même leur naissance, elles s'attaquent désormais aux autres extrémités de la vie. On promeut aujourd'hui l'euthanasie et même le suicide assisté, non seulement pour les malades en phase terminale, mais aussi pour ceux qui, dans leur désespoir, veulent simplement "en finir". L'être humain, dans son arrogance, se prend pour Dieu, décidant de la vie et de la mort comme si cela lui appartenait.

Ce qui me frappe le plus, c’est la froideur avec laquelle ces pratiques sont présentées : sous le vernis de la compassion ou du "droit de choisir", on légitime la suppression des faibles, des souffrants, de ceux qui ont besoin de soin, de soutien, et d’amour. Loin de protéger les plus vulnérables, comme le prône le catholicisme, l’esprit chevaleresque ou même la simple empathie humaine, ces idéologies les exterminent. C’est un monde où la souffrance, au lieu d’être affrontée avec courage et solidarité, est effacée avec une facilité déconcertante, comme un problème qu’on élimine.

Nous assistons à une inversion totale des valeurs : ce qui était autrefois considéré comme noble – protéger, accompagner, aimer jusqu’au bout – est désormais perçu comme dépassé, archaïque. Dans cette société qui érige l’individualisme et l’utilitarisme en absolus, le respect sacré de la vie semble n’être qu’un vestige du passé, un obstacle à leur "progrès".

Je vois ses yeux briller, devenir humides quand je lui dis qu’en France, environ 220 000 bébés sont privés de vie chaque année à travers l’avortement, et qu’environ 25 % des grossesses se terminent ainsi. Elle m’a rejoint dans l’eau, se rapprochant jusqu’à n’être qu’à quelques centimètres de moi. La tension provoquée par notre conversation nous a fait oublier la froideur de l’eau. Son souffle est court, et sa voix tremble légèrement lorsqu’elle bredouille, presque étouffée :— C’est horrible…

Je sens que j’ai plombé l’ambiance, sans trop savoir comment nous sommes arrivés à parler de cela. Mais, au fond, je ne regrette pas. J’aime montrer à ces gens de pays dits "sous-développés", souvent complexés vis-à-vis de nous, qu’ils possèdent des choses que nous avons perdues : des valeurs essentielles, des liens humains authentiques, une simplicité qui dépasse les illusions du progrès. Et ces valeurs, ce respect instinctif pour la vie, valent infiniment plus que toute la technologie du monde ou le confort matériel. Ce sont ces trésors invisibles qui devraient inspirer les autres, et non l’inverse.

Mais j’imagine qu’il en était de même en France, avant que l’élan révolutionnaire – cet élan qui, par essence, ne s’arrête jamais, car une révolution n’est jamais véritablement achevée – ne s’emploie à détruire le catholicisme. Avant que cette machine idéologique ne se mette en marche, la France devait aussi être un pays où le respect pour la vie, les liens familiaux, et les valeurs essentielles prévalaient. Mais cet élan, en s’attaquant à tout ce qui était sacré, à tout ce qui portait la marque du divin, a effacé ces fondations. Ce qui reste, c’est une société où l’individualisme, l’utilitarisme, et la quête d’une liberté sans limite ont remplacé ces anciennes valeurs, au prix de tout ce qui donnait un sens profond à la vie.

Là où le catholicisme apportait une vision sacrée de la vie et des responsabilités humaines, cet esprit révolutionnaire n’a laissé que le vide déguisé en progrès. Et pas seulement le vide, car la nature a horreur du vide. Ce qui s'est passé, c'est bien plus grave : le bien a été remplacé par le mal. Les valeurs se sont inversées, tout ce qui était noble, juste et sacré est aujourd'hui attaqué, violé, souillé. Cette inversion des valeurs est devenue systématique, presque célébrée.

Un exemple représentatif de cet idéal révolutionnaire encore en marche qui me vient à l'esprit est la dernière cérémonie des Jeux Olympiques. Ce qui aurait dû être une célébration de l’effort, de la discipline et d’une certaine grandeur humaine s’est transformé en une mascarade grotesque, une idolâtrie du matérialisme et une glorification de tout ce qui va à l’encontre des valeurs les plus fondamentales. On y moquait ouvertement le sacré, avec des représentations outrancières et vulgaires, et on y célébrait une inversion totale des repères moraux. Ce spectacle illustre parfaitement cette dynamique perverse : on ne célèbre plus ce qui élève l’âme et honore l’ordre naturel, mais ce qui la rabaisse, la déforme, et la plonge dans le désordre.

Ce n’était pas simplement un chaos ou une absence de valeurs. Tout était là, soigneusement construit pour refléter les valeurs républicaines dans leur essence : l’éloge du meurtre, de l’esprit sanguinaire de la Révolution, et la moquerie de tout ce qui est sacré. On célébrait sans détour la décapitation de Marie-Antoinette, symbole de la destruction de l’ordre ancien, et l’on osait tourner en dérision la Cène de Jésus, remplaçant les apôtres par des travestis grotesques. Un veau d’or était littéralement représenté, comme pour revendiquer fièrement l’idolâtrie moderne. Tout ce spectacle semblait conçu pour inverser les valeurs : glorifier ce qui est laid, vulgaire, et destructeur. Une chanteuse populaire, Aya Nakamura, accompagnée par la Garde républicaine dansant de manière ridicule, incarnait ce mélange de mauvais goût et de dérision envers des institutions jadis respectées. Plus troublant encore, des enfants étaient impliqués dans des scènes ambiguës, et un "couple à trois" était présenté comme une normalité, un symbole de la désintégration de la famille traditionnelle.

Et au milieu de tout cela, on glorifie Simone Veil, une femme qui a fait de l’avortement son combat de toute une vie. Comment peut-on consacrer son existence à défendre la suppression de la vie innocente ? Cela dépasse l’entendement. Ce spectacle résume parfaitement cette inversion des valeurs : ce qui devrait être protégé est détruit, ce qui devrait être condamné est célébré. Tout cela n’est qu’un criant hommage à l’esprit révolutionnaire, toujours en marche, s’attaquant sans relâche à ce qui reste de l’ordre naturel et divin.

Si tout cela s’efforce à lutter contre le Divin, la force qui l’anime ne peut être que diabolique. Cette pensée m’énerve, me trouble. Je réalise soudain que je suis seul, au milieu de la rivière : mon amie est sortie, l’eau était trop froide pour elle. Je tremble légèrement, la chair de poule sur mes bras. Je me force à chasser ces idées, à m’ancrer dans le présent, à apprécier le lieu, la fraîcheur de l’eau, la beauté de la nature qui m’entoure.

Mais il y a une amertume que je n’arrive pas à faire taire. Ces idéologies, désormais, ne connaissent plus de frontières. Elles se diffusent partout, insidieuses, portées par les réseaux sociaux, s’immisçant dans les esprits, jusqu’aux endroits les plus reculés. Il n’y a plus de place épargnée sur cette terre. Même ici, dans ce décor sauvage, où tout semble si pur et éloigné de ce chaos, leur ombre plane. Ces idéologies avancent comme des démons invisibles, des ombres diaboliques qui s’emparent des âmes. Elles s’insinuent partout, glissant à travers les écrans, les mots, les images, jusqu’à contaminer les esprits sans même qu’ils en prennent conscience. Elles séduisent, manipulent, détruisent ce qui est sacré, et laissent derrière elles un vide empli de confusion et de désespoir.

Je plonge sous l’eau, comme pour essayer de purifier mon esprit, d’éteindre ces pensées sombres qui me tourmentent. L’eau froide m’enveloppe entièrement, me ramenant à l’essentiel, à une sensation brute et immédiate.

Peu importe l’ampleur des ténèbres qui semblent envahir le monde, je sais que Dieu aura le dernier mot. Quelles que soient les forces qui tentent de s’opposer à Lui, Sa lumière finira toujours par vaincre.

 
 
 

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