L’AMOUR EST VRAIMENT MORT EN OCCIDENT

Un matin frais de novembre,dans un bus à Montréal,je traverse une zone industrielle déprimante.Personne ne parle, pas un regard échangé.Il n’y a ni musique, ni sourire.Tous ont les yeux rivés sur leurs téléphones,perdus dans un univers de frustrations et de désirs inassouvis.

J’observe le regard des gens :hommes, femmes, noirs, blancs.Tous arborent ce même regard inquiétant,un mélange de souffrance et de malveillance,comme s’ils étaient prisonniers d’eux-mêmes,à moitié humains seulement.

Des monstres d’égoïsme, tous.Pas un pour céder sa placeà la vieille dame qui vacille,au rythme de ce bus pourri.

Les seuls avec un regard différentsont ceux qui viennent d’ailleurs,le leur exprime plutôtla mélancolie,la résignation,le sacrifice.Peut-être conscients de vendre leur âmeau diable du capitalisme,pour en récolter quelques miettes.

Je réajuste discrètement mon pantalon,camoufle le bracelet électronique.Il me reste dix jours de liberté conditionnelle.

Après, je reprendrai la route,vers des contrées où les cœurs battent encore,où subsiste un peu d’humanité,où l'amour reste envisageable.

Je vomis sur ces contrées modernes,qui, au comble de l'arrogance,prétendent détenir les secrets de l’existence,la bonne manière de vivre, les valeurs universelles.Ce conformisme me répugne.Il n’y a plus d’espoir sous ces latitudes.

Dix jours encore…

J’inflige trop de blessures à mon âme.Et j’ai besoin de l’amour d'une belle Colombienne pour les soigner,d'une voix qui chante,de douces caresses,de rires colorés,de spontanéité.

Bref, d’un peu d’humanité.

Car l’Amour, est vraiment mort en Occident…